D'oeillets et de bruyère
Depuis plus de 100 ans et traditionnellement le dimanche des Rameaux, le Corso Fleuri de la Mi-Carême est organisé dans le village provençal de Roquebrune-sur-Argens.
Fin mars 2019, une énergie particulière vibre dans la cité millénaire. À l’abri des regards, des dizaines de bénévoles s’affairent. Entre amis ou en famille, on tisse jour et nuit la bruyère dans du grillage à poules, on accroche un par un les 20 000 oeillets qui ornent les chars. Avec des cure-dents.
Car on notera que la seule grande évolution qu’ont connue les corsos en un siècle, c’est le passage du cheval aux véhicules à moteur pour tracter les attelages. Les étapes de fabrication restent pour leur part inchangées : construction du squelette en fer et grillage, décoration végétale, puis florale à la dernière minute pour conserver la fraicheur des fleurs le plus longtemps possible.
Un travail de bénédictin pour quelques heures de liesse populaire et d’émerveillement collectif.
À travers ce projet documentaire, j’ai voulu raconter l’investissement d’une communauté dans ce petit bout de folklore anachronique encore bien vivant, reconnecter avec mes racines tout en célébrant celles et ceux qui ne les ont jamais perdues de vue.
J’ai aussi tenu à photographier les chars terminés individuellement, les sortir du contexte de défilé, pour qu'ils accaparent notre attention et se laissent admirer en entier, chose rare, juste avant de s’engouffrer avec leur équipage dans les ruelles sinueuses et bondées sous une pluie de confettis.
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For over a hundred years, a parade of floral floats called Corso Fleuri de la Mi-Carême has been held in the village of Roquebrune-sur-Argens, in Provence.
At the end of March 2019, the tradition once again gathered dozens of volunteers, friends and families who spent long days and sleepless nights decorating the floats, braiding heath into chicken wire and tying up 20 000 carnations with toothpicks.
A painstaking task for only a few hours of popular jubilation.
Embracing the festive and somehow anachronistic nature of the event, I wanted to tell the story of a community’s commitment and present the floats just moments before entering the narrow streets of the village, showcasing them as glorious subjects of enchantment.
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